samedi 17 mars 2012

L'humilité du luxe

Récemment, Stéphane Amaru m'a offert la possibilité de visiter son salon de coiffure Didact Hair Building dans le centre de Paris.


Une porte très discrète permet l'accès à ce salon dont l'accueil est au premier étage et la partie coiffure aux niveaux supérieurs. Je suis reçu par deux charmantes jeunes filles qui me débarrassent de ma veste (il fait quand même -5° dehors). Très vite, Alexandre, l'associé de Stéphane Amaru, vient à ma rencontre afin de me faire visiter le lieu et de m'expliquer le concept du salon. Nous montons au deuxième étage, directement dans la "boutique". Un espace avec 2 gammes Schwarzkopf: une de produits naturels et une de synthétiques. Les clientes du salon ont alors le choix de prendre des shampooings, soins ou autres coiffants dont l'impact sur la planète et sur le corps est plus ou moins réduit.


Juste à côté, Alexandre me présente le Comptoir à franges et le Comptoir à cheveux longs. Pour chaque saison, une proposition de différentes attaches est faite. Les clientes peuvent alors en choisir une à faire réaliser en 30 minutes.
L'étage supérieur est une grande pièce mansardée qui sert aux coupes de cheveux pour le quotidien mais aussi pour les formations les lundis et aux shootings occasionnels. Elle est également louée à des coiffeurs indépendants qui recherchent un lieu pour leurs prises de vue.
A chaque niveau, les bacs à shampooing sont isolés par une cloison qui permet une meilleure détente pour la personne qui veut profiter du massage du shampooing ainsi que de celui fait par le fauteuil vibrant.


En me présentant Didact Hair Building, Alexandre me fait surtout découvrir un salon très impliqué sur le respect de la personne, du cheveu et de la planète. Alors, en plus des gammes de produits naturels, les éclairages et les séchoirs sont à basse tension, les robinets ont des économiseurs d'eau, les magazines disponibles pour l'attente sont axés sur le développement durable, les entreprises ayant travaillé pour la réalisation du salon avaient un cahier des charges strict à ce sujet,...
Lorsqu'une personne souhaite faire un service technique (mèches, forme) trop agressif pour son cheveu, le coiffeur lui explique cet impact et lui propose une autre alternative plus en respect avec sa chevelure. A elle de trancher ensuite et de faire son choix avec l'information qui lui a été apportée.

Cette visite du salon était l'occasion pour moi de rencontrer Damien Roux et Fabien Jacobs dont j'avais déjà  parlé dans ce blog (Damien, Fabien). Je les vois habillés très classe avec une veste, une cravate ou un noeud papillon puisque la tenue élégante est de rigueur ici.
Le souhait de la direction est d'apporter un service ultra luxe à des tarifs abordables afin d'en faire profiter le plus grand nombre.

S'il me fallait recommander une adresse de salon de coiffure à Paris, je commencerais par celle-ci: 2, rue du jour, Paris 1°.





lundi 12 mars 2012

Des images et quelques mots



Parce que la mode est un bel univers
Parce que la coiffure est éphémère
Parce que le Carrousel du Louvre est un lieu ultra symbolique
Parce que la Haute Coiffure Française est un bouillon de créativité
Parce que ce sont de très très longues journées dans les coulisses
Parce que c'est le seul défilé-coiffure en France
Parce que nous nous retrouvons, tous les six mois
Parce qu'il faut toujours réinventer notre métier
Parce qu'il faut toujours aller plus loin que notre métier
Parce que les stylistes et les maquilleurs emportent les coiffures dans un imaginaire éblouissant 
Parce que plus de 2000 personnes se déplacent du monde entier
Parce que c'est toujours une grande excitation
Parce que c'est une véritable équipe
Ou simplement parce que c'est beau...


Equipe artistique Haute Coiffure Française:
Christophe GailletPhilippe LaurentCyril Fourcade,
Laetitia GuenaouLaurent DecretonLaurent Tourette et Sophie Bauçais










dimanche 4 mars 2012

GEEK

Geek, nouvelle de Anthony Galifot


« Vous, au moins, on ne peut pas vous remplacer par une machine ! »
Tous les coiffeurs ont entendu cette phrase un jour, d’une cliente prise d’un accès d’admiration face à l’exercice de notre art.
Si elle savait que, parfois, je me considère comme une machine à force de répéter tout le temps les mêmes gestes Car qui peut prétendre être absolument concentré pendant une coupe ? C’est comme au volant d’une voiture, on pense à tout sauf à conduire. La liste des courses à faire, le repassage, les enfants, les devoirs, le timing, les factures à payer, et de temps en temps on entend :
« Vous vous rendez compte, ça fait deux mois qu’ils sont mariés ! »
Retour à la réalité, votre cliente vous parle du dernier article de Voici !
Moi, ce qui me branche, ce sont les beaux mecs, et quand je regarde les pages des magazines, par-dessus l’épaule de la cliente, je ne vois que la photo de l’Adonis, avec ses abdos en béton, courant sur la plage. Ça me change de ce qui me tient de fiancé à la maison ! Il m’énerve, Romain, à ne pas vouloir se bouger. C’est sûr que je ne verrai jamais ses abdos, à force de traîner sur le canapé avec son ordinateur ou sa console. Quoique depuis deux mois Romain passe la plupart de son temps libre dans le garage. « Je te prépare une surprise. » Et quand il en sort c’est pour se recoller sur un soi-disant programme qu’il met au point. Son métier est vraiment une passion. Il travaille dans une société d’ingénierie robotique et, loin d’avoir assez de sa journée, eh bien non ! il continue le soir. Heureusement que je ne ramène pas mes clientes à la maison !
Il n’a de cesse de dire que tous les métiers peuvent être adaptés à la robotisation, chose vérifiée dans notre société. Mais mon métier est artistique et nul ordinateur n’a la créativité ni la spontanéité d’un cerveau humain.

—Tu es prête ?
Devant le garage, les mains sur les hanches, il a le sourire aux lèvres.
—Je suis prête.
Il ouvre la porte et attend que je sois entrée pour allumer la lumière.
Et c’est là que je découvre… un photomaton avec une porte en guise de rideau.
— Tu sais, il y a plus simple pour me prendre en photo !
— Ce n’est pas un simple photomaton, installe-toi à l’intérieur.
Il ouvre et me fait asseoir sur le tabouret. La cabine est truffée de capteurs et de cellules, deux bras automatisés articulés sont fixés derrière le tabouret — un avec une sorte de petit stylo au bout, l’autre avec un tube et un flexible en plastique. Devant moi, un écran que je soupçonne tactile, une caméra, un petit haut-parleur à sa droite équipé d’un micro.
Il met la main sur la machine et actionne un interrupteur. Le programme se met en route et l’écran affiche : VEUILLEZ PATIENTER, SVP.
— Voilà. Je vais refermer la porte et te laisser avec ton nouveau collègue. Tu n’as qu’à suivre les instructions et te détendre. À tout de suite !
Mon nouveau collègue ?
TOUCHEZ L’ECRAN.
CHOISISSEZ VOTRE COIFFURE.
Il l’a fait…
Des modèles de coupe défilent alors, allant du plus court au plus long. Je les étudie, le choix est quand même un peu limité, mais je suppose que cela peut s’arranger. Il y a des coupes hommes et femmes. Le modèle n°25 retient mon attention, il correspond à peu près à la coupe que l’on m’a faite il y a un mois : un carré mi-cou, dégradé sur les côtés.
VEUILLEZ VOUS PLACER CORRECTEMENT, VOTRE VISAGE DOIT ÊTRE AU CENTRE DU CARRÉ.
NE BOUGEZ PLUS PENDANT LE SCAN TOPOMORPHOLOQIQUE.
Une trappe s’ouvre au-dessus de l’écran, et un faisceau assez plat de dix centimètres de largeur me balaye la tête, un peu comme les lasers des boîtes de nuit.
SCAN TERMINÉ.
VEUILLEZ NE PLUS BOUGER PENDANT LA COUPE.
Un bras métallique à l’extrémité en forme de sèche-cheveux vient se placer au-dessus de moi et m’aspire les cheveux vers le haut, un autre muni d’un stylo se positionne à l’oblique et émet un petit rayon de lumière rouge. Un mini laser ! Je n’y crois pas ! Il coupe la mèche étirée par l’aspirateur et s’éteint. L’aspirateur se déplace sur une autre zone et le processus recommence. Je me laisse faire, observe le mystérieux ballet des bras autour de moi dans le reflet de l’écran : je suis stupéfaite. Le laser opère suivant les mêmes schémas de coupe que sur nos livres de cours. Il termine par la frange qu’il coupe en élévation.
VOTRE COUPE EST TERMINÉE.
Et les deux bras reprennent leur position initiale.
Mon visage apparaît à l’écran et effectivement, j’ai la coupe demandée, sans coiffage, mais cela semble aller. Il règne dans la pièce comme une odeur de cheveux brûlés.
IL EST CONSEILLÉ DE FAIRE UN SHAMPOOING AVANT DE PROCÉDER AU COIFFAGE, MERCI D’AVOIR FAIT CONFIANCE À FASTCOIFF.
La porte s’ouvre, je suis incapable de bouger !
— Alors ?
— Faut détruire cette machine !
— Ah, ah ! Je croyais que les coiffeurs étaient irremplaçables !
— Et comment cette foutue machine sait-elle que la mèche est bien au bon endroit avec la bonne tension ?
— Sur le mur à ta droite se trouve un capteur relié à l’automate du robot. Il permet de régler les caractéristiques du bras telles que le débit d’aspiration. Si la mèche est récalcitrante, il augmente la dépression et donc l’effort de traction du cheveu jusqu’au résultat souhaité.
— Comment le laser fait-il pour ne pas couper le mur en face ?
— Il est programmé pour n’avoir qu’un faible rayon de portée. Le laser de départ est là pour scanner la topologie de ton crâne afin d’éviter de couper l’os occipital, par exemple !
Il se gausse, tout content de lui.
Moi, je suis dépitée. Ce que je n’aurais jamais cru possible vient de se produire !
Je sors un peu chancelante du garage. Il faut que je me lave les cheveux pour enlever l’odeur et vérifier la coupe après le séchage. Cela aurait mérité un peu d’effilage, mais c’est correct.
Romain m’attend dans le salon, une bière à la main.
— Il va falloir que tu me listes tout ce qui ne colle pas dans le détail. J’ai l’intention de peaufiner le Fastcoiff et de le présenter au prochain concours d’inventeurs Pépine à la Cité des congrès.
— Et si moi, je ne voulais pas t’aider… Tu crois que ça me fait plaisir de savoir que je vais être la coiffeuse la plus détestée du pays, tout ça parce que mon informaticien de copain s’est lancé un défi ? Imagine les répercussions sur la profession : le chiffre d’affaires va chuter dans les salons avec ce genre de machine, si on la met vraiment au point. Regarde le statut des photographes depuis que tout le monde peut se faire tirer le portrait dans n’importe quelle galerie marchande ! Je ne tiens pas à être responsable du chômage dans mon métier.
— Je comprends, mais admets que dans notre société, de toute manière, un jour ou l’autre quelqu’un aura la même démarche que moi. Il mettra au point un système légèrement différent mais avec le même résultat. Nous sommes dans l’air du « fast » : « fast food », « fast picture », « fast courses ». Pourquoi pas le Fastcoiff? …Alors, tu m’aides ou pas ?
Je soupire.
— Tu es lancé, et tu ne t’arrêteras pas tant que tu ne l’auras pas finalisé. Je n’ai plus vraiment le choix, de toute façon. OK, mais je me réserve le droit de changer d’avis, et tu devras en tenir compte ! Je veux que, dans les premiers temps, la machine ait un champ d’action limité. On ajoutera les fonctionnalités au fur et à mesure, sinon je ne signe pas !
— Tope-là !
En lui tapant dans la main, j’ai quand même l’impression de trahir toute la profession. Ils vont me tuer ! Je n’aurai plus qu’à changer de pays après ça !

Nous nous sommes mis au travail. La tâche était ardue. Il fallait prendre en compte les règles de sécurité, de législation, étoffer le catalogue pour présenter un choix plus en accord avec la tendance. Ça nous a pris environ deux mois, les dernières semaines étant consacrées à soigner le look du Fastcoiff, à le rendre plus chaleureux, à élaborer un panneau de mise en garde et de consignes, car il y avait à ce stade une longueur minimum de cheveux impérative sur la totalité de la chevelure. Romain a finalisé la machine en installant des coupe-circuits et en protégeant le programme contre d’éventuels piratages. Pour parfaire la sécurité, il a placé un petit œil électronique à l’intérieur afin de graver sur un disque dur toutes les prestations et prévenir les contestations éventuelles.
Nous avions en tête un troisième bras équipé d’une tondeuse pour les coupes courtes. Mais chaque chose en son temps, nous gardons plein de petites modifications en réserve afin de donner l’impression que l’automate est en perpétuelle évolution. Envoyer le détail de la machine accompagné d’un chèque, pour la demande de brevet à l’INPI, après une recherche d’antériorité, nous a assuré d’être bien les seuls à détenir les droits sur le robot.

Le palais des congrès de Nantes est en ébullition, il fourmille d’inventions en tout genre. Notre stand est placé au rez-de-chaussée, nous sommes stressés, impatients et avons une boule au ventre. Il y a un concours dont le jury doit passer dans la journée voir ce que proposent les exposants. Les visiteurs déambulent dans les allées, lisent, questionnent, testent les produits.
Première cliente : elle est un peu sceptique et a vraiment peur de rentrer dans la machine. Elle regarde à l’intérieur, demande à son mari si c’est vraiment sans risque. Romain explique le processus et la technique utilisée avec son langage chargé de mots que nous ne comprenons pas toujours, nous, simples utilisateurs. Un fois le mari acquis à notre cause, la femme s’engouffre dans l’habitacle et s’assoit. Je lui explique le fonctionnement, les (petites) règles de sécurité et referme la porte. Nous entendons de l’extérieur les bras et le système d’aspiration qui se mettent en marche. La séance dure environ dix minutes mais tout dépend de la complexité du schéma.
La cliente ressort ravie de l’expérience et, comme je l’avais prévu, se plaint un peu de l’odeur. Je l’emmène dans les toilettes. J’ai amené un bac de coiffeuse à domicile pour faire un shampooing aux testeurs de la journée. Un petit attroupement s’est formé autour de nous. Romain explique, à qui le veut, comment fonctionne l’automate.
Les jurés arrivent, demandent à lire la fiche technique. Ils s’installent à une petite table à côté et questionnent Romain pendant que j’exécute le coiffage.
C’est au moment où je coupe le sèche-cheveux que le bruit de l’aspiration du Fastcoiff attire mon attention. Inquiète, je me dirige vers l’appareil tout en appelant Romain.
— Qui est dedans ? demandé-je à la femme postée devant l’appareil.
— Mon mari.
L’aspiration se fait plus forte.
— Romain !
Encore plus forte.
— Qu’est-ce qu’il…
Un cri énorme, à glacer le sang, sort de l’intérieur. La dernière fois que j’ai entendu quelqu’un crier comme ça, c’était dans Saw !
— Bon Dieu, mais qu’est-ce qui se passe ? Fais quelque chose !
Romain appuie sur le bouton d’arrêt.
L’homme dans la machine tambourine à la porte pour qu’on lui ouvre, sa femme crie qu’on le sorte de là, les jurés arrivent avec un pied de biche, l’un d’eux force la porte verrouillée d’un geste sec.
Le client bascule en sortant de l’appareil,  du sang coule sur le côté gauche de son visage, il a une belle entaille sur le dessus du crâne, sa femme tombe dans les pommes.
Les pompiers arrivent peu après. Ils prennent en charge immédiatement le mutilé, s’occupent de désinfecter la plaie et de la préparer à la suture.
Tout est allé très vite et nous n’avons pas bougé. Tout notre travail vient d’être réduit à néant.
L’un des jurés s’approche.
— Vous nous devez des explications, et cela va sans dire que votre participation au concours s’arrête dès maintenant. Il y aura des poursuites, je vous préviens !
— On va savoir ce qui s’est réellement passé, balbutie Romain, j’ai une caméra à l’intérieur qui filme tout.
Nous visionnons le film sur notre PC portable. Il doit forcément y avoir une explication rationnelle. Et c’est en voyant l’homme que nous comprenons qu’il ne devait pas avoir lu les consignes affichées à l’entrée, pourtant écrites en gras : INTERDIT À TOUTE PERSONNE N’AYANT PAS AU MOINS CINQ CENTIMÈTRES SUR L’ENSEMBLE DE LA CHEVELURE.
L’homme était chauve. Après le scan, le bras a aspiré jusqu'à avoir de la matière à couper, le cuir chevelu s’est étiré comme dans le film Coneheads et le laser a découpé net la peau. À la première sensation de douleur, il s’est baissé pour se trouver à l’abri du laser et du bras d’aspiration.


Je me réveille souvent en voyant l’homme ensanglanté sortir de la machine en titubant. L’automate est dans le garage et y restera. J’ai été refroidie par l’incident, même s’il n’y a pas eu de poursuites et si nous avons été dégagés de toute responsabilité. Mais Romain m’inquiète.
— Qu’est ce que tu me caches ?
— Rien.
— Ne me dis pas rien, Romain. Tu es soi-disant resté tout l’après-midi à la maison, et quand je rentre rien n’est fait. Je ne parle pas du repassage, mais tu aurais au moins pu faire la vaisselle, et d’ailleurs, je ne suis pas ta bonne ! Alors, tu as fait quoi de ta journée ?
— J’ai bricolé…
— Quoi, une étagère ?
— Non.
— PARLE-MOI !
— Je continue de peaufiner le Fastcoiff. Ça te va ?
— Tu m’avais promis que si je n’étais pas d’accord, je pouvais te demander à tout moment d’arrêter ! C’est ce que j’ai fait !
— Tu te rends compte des progrès depuis le début de l’aventure ? Tout est possible, y compris, prévoir les cons ! Tu veux vraiment arrêter ? Parce que crâne d’œuf n’a pas lu les consignes avant de rentrer ! Non, désolé, moi je continue.
— Pas moi…
— J’ai avancé, tu sais. Tu ne veux pas voir ce que ça donne ?
— Non…
— Et bien ce sera malgré toi. Tu sais ce que ça signifie ?
— Oui je sais. Je ne changerai pas d’avis, cette fois-ci.
— Si ton métier est si créatif, pourquoi avoir peur d’une machine ?
— Peu importe. Moi je revois ce client avec son crâne tailladé.
— Ok, c’est dommage, mais aucune invention ne s’est faite sans dégâts collatéraux.
— Je ne te suis plus. C’est comme ça.
— Tu verras, un jour, tu regretteras. Mais quoi qu’il en soit tu étais là au début, je te coucherai sur les papiers.
— Tes papiers, je m’en tape. Moi je travaille sur l’humain, sur des gens vrais. Je les touche, c’est sans doute ce qui fait notre différence. Je les entends, les accompagne, chaque jour, les écoute, les aime, les devine, et travaille en fonction de leurs humeurs, leur apparence. La machine, elle s’en fout. Et c’est bien ça le problème, tu commences à être comme ta machine, incapable de prendre en compte les émotions, les décisions. Je ne peux pas vivre comme ça et ne pourrai vivre avec quelqu’un dénué de toute émotion.
— Moi si, je vis dans le binaire, et maintenant plus que tout. Tu dis que tu vis dans la créativité au quotidien, moi je n’ai qu’une création et elle va servir les autres. Que ça te plaise ou non. Et je réitère ce que j’ai dit, tu te voiles la face.
— Prends ta machine en partant.
— Réfléchis…
— C’est pas dans le programme.


***

Le pirate du Fastcoiff a été appréhendé hier après-midi. Le virus qu’il avait introduit dans l’appareil a provoqué la semaine dernière la mort d’une femme à Nantes. Le coupable, un homme âgé de 45 ans, a affirmé avoir voulu se venger après la faillite de son salon de coiffure. Il projetait de recommencer.
Le parc machines de la société Fastcoiff compte maintenant trente mille unités, réparties dans toute la France. Le nombre des salons de coiffure, lui, a chuté de 40% en dix ans (source : Chambre de l’artisanat). Un comité de surveillance sera constitué pour évaluer le système de sécurité de l’automate, afin d’éviter que cet acte ne se reproduise.
Actuweb, lundi 25 août 2031. 

© L'Atalante, 2012


Lire aussi l'autoportrait d'Anthony Galifot

samedi 3 mars 2012

Coiffeur écrivain


Anthony Galifot est coiffeur et formateur. En spécialiste de la coupe au rasoir, il est maître barbier aux nombreux diplômes de coiffure.

Au fil du temps et avec le soutien de Eve Laborderie, rédactrice en chef de L'Eclaireur hebdo, Anthony écrit des nouvelles sur le monde des salons de coiffure dont certaines ont été publiées dans le magazine. 



L'auto-portrait d'Anthony Galifot:
J’ai toujours été passionné par la littérature, plus ciblé anticipation, avec des écrivains phare comme Pierre Bordage, Franck Herbert, Ayerdal, Asimov ou Simmons, et j’en passe. Sans jamais m’être essayé à l’écriture, un jour on m’a demandé d’écrire un article un peu original pour le coiffure info régional, et là c’est sorti tout seul. J’ai trouvé ça marrant et ai commencé à écrire deux trois nouvelles pour moi, mes amis, pour rire. Quand un bon  ami coiffeur (Matthieu Aussel) parisien, m’a lu,  m’a dit que je devrais envoyer à Eve Laborderie à L'Eclaireur, qui serait peut-être intéressée. Ce que j’ai fait sans grande conviction, cela restait amateur.  Elle m’a poussé à me rapprocher d’un correcteur pro, pour apprendre, et au bout de quelques mois, j’étais devenu autonome, ais écrit six ou sept nouvelles, dont une, premier prix et coup de cœur du jury, dans un festival de littérature.
Eve a d’abord publié « Le Client roi », ensuite « Elles » et dernièrement « Geek » (disponible demain sur ce blog), les avis reçus m’ont poussé a continuer, et partir dans cette très belles aventure qu’est l’écriture.  C’est en fin d’année dernière que j’ai signé un contrat d’auteur chez « L’Atalante » à Nantes (http://www.l-atalante.com/) , maison d’édition qui publie Pierre Bordage justement !, pour un recueil de 20 nouvelles environ, toutes sur la coiffure. Il sera distribué dans toutes les bonnes librairies, y compris les FNAC et les espaces culturels, ainsi que sur internet.

Quel a été ma motivation ? Juste prendre du plaisir à tourner en dérision certaines situations dans les salons, prendre les généralités de notre métier et les amenées dans une direction inattendue, ou carrément partir dans une fiction improbable,  donner des impressions, celles de nos clientes, tout cela emplit de cynisme, de sarcasme ou d’ironie, d’un autre regard sur ce que nous faisons et produisons. Les thèmes abordés ? Le client arrogant, le petit con, la robotisation, le coiffeur psychopathe ou obsessionnel, et autres.
Le thème de « Geek » ? La robotisation, je l’ai écrit sur la dynamique du « et si », et si nous nous faisions remplacer par des machine, certains écrivains de science fiction ont écrit sur des extrapolations, le devenir d’une découverte, souvent décriés comme affabulatoires, mais qui se sont avérées vrai quelques décennies plus tard !
Je m’amuse vraiment à coucher mes idées au fil des pages, à faire découvrir mon univers. Le jeu de la nouvelle est qu’elle doit surprendre, ainsi la fin du texte doit me surprendre aussi, c’est ce  que j’appelle une écriture de jet.
J’adore l’imaginaire de notre métier, et preuve que la créativité dans la coiffure possède un spectre infini !


mercredi 29 février 2012

Année bissex style

Andrej Pejic

Baptiste Giabiconi


Marilyn Manson

Martin Cohn

maquilleur: Yann Broussand Larcher

Andrej Pejic


Léa T. (transsexuelle)

Martin Cohn
maquillage: Yann Boussand Larcher II
coiffure: Sandra Lamzabi Yazoue
modèle: Alexandre Wetter
photo: Nicolas Méphane
 


dimanche 26 février 2012

Géométrie et esthétisme

La Croatie, c'est un pays riche d'une culture faite avec les grecs, les romains, les croisés, les russes et bien d'autres...
La Croatie, c'est aussi une terre très cultivée, des îles baignées par la chaleur et la douceur de la mer Adriatique.
La Croatie, c'est également un peuple qui s'est déchiré, qui a souffert et qui se reconstruit aujourd'hui.
Pour la coiffure, la Croatie, c'est surtout ZGAT.

ZGAT, ou Zagreb Art Team, est une équipe de coiffeurs-formateurs très créatifs. Pour leurs clients, ils s'appliquent à leur apporter le meilleur de la coiffure avec des conseils avisés et une proposition large et réfléchie sur les couleurs et coupes.
Et pour rester au top de leur créativité, les coiffeurs de l'équipe ZGAT poussent toujours plus loin leur  créativité lors de shootings. J'avais déjà publié trois images réalisées par Marina Bukovac. Aujourd'hui, c'est une création de Mario Mesaric qui a retenu mon attention.

Mario a voulu une combinaison esthétique de lignes géographiques. La couleur nacrée pastel vient souligner le dessin de la coupe sur une ligne de contour de la frange. Cela apporte une belle énergie à cette coiffure minimaliste. 


Coiffure: Mario Mesarić
Coloration: Vlasta Menges, Ana Marija Baretić
Maquillage: Simona Antonović
Photo: Jelena Balić
Stylisme: Fjaba


jeudi 23 février 2012

Pour rassurer ceux qui s'inquiètent de mon travail

Facebook est une communauté énorme qui ne cesse de grandir et sur laquelle on peut trouver beaucoup de monde. Pour ma part, j'y retrouve des clients, des coiffeurs, des fournisseurs, des marques, différents prestataires,... Il arrive que plusieurs personnes travaillent dans la même société et administrent alors un groupe ou une page fan afin de communiquer sur leur travail.
Pendant 3 ans, j'ai fait la même chose. Je travaille à Nice pour un coiffeur ambassadeur de L'Oréal professionnel. Sur le réseau Facebook, j'avais alors créé un profil à mon nom ainsi qu'un groupe et une page au nom de mon employeur afin de mettre en avant toute sa créativité et les événements auxquels il participe.
Au fil du temps, des employés de L'Oréal professionnel ont exprimé leur confusion à mon patron, en lui disant qu'ils ne comprenaient pas la différence entre le profil Laurent Micas et le groupe au nom de la société. Ces personnes pensaient alors que je m'attribuais le travail de mon employeur.
Pourtant bien des enseignes ont plusieurs magasins en France ou à l'étranger avec un responsable pour s'occuper de chacun et être le lien entre les dirigeants et les clients. Sur Facebook, c'est la même chose: le profil d'une personne est administrateur d'une page ou d'un groupe comme si ce profil était le responsable d'une adresse virtuelle.

Ces remarques m'ont valu de longues discussion avec le coiffeur ambassadeur qui ne voulait pas laisser s'installer la confusion. Pour éviter cela, j'ai donc dû lui céder le profil sur lequel je travaillais depuis 3 ans. Au bout de quelques temps, j'ai alors créé un nouveau profil sur Facebook et suis reparti de zéro.

En amoureux de mon métier, j'ai toujours beaucoup travaillé. J'ai rarement pris mes 5 semaines de congés par an. J'ai participé gratuitement à bien des événements. Et je continue encore. J'ai suivi beaucoup de stages avant d'en proposer moi-même à mes collègues. J'ai longtemps travaillé 6 jours par semaine en acceptant les pires conditions.
Et, depuis un an et demi, j'écris pour un blog L'Essentiel de la Coiffure. Sur celui-ci, je parle de tout ce qui m'intéresse dans le métier. Lorsque je vois de belles coiffures. Lorsque je connais un produit qui apporte un résultat intéressant. Lorsque j'ai un conseil coiffure à partager... Et je fais tout cela gratuitement. Ce blog n'a aucun revenu.

Aujourd'hui, d'autres prestataires de mon employeur lui demandent si je travaille encore pour lui. Comme je publie des articles de L'Essentiel de la Coiffure sur Facebook, ils imaginent que je ne suis plus dans l'équipe son équipe.


Alors pour que tout soit transparent, voici la liste de mon travail sur internet (il est facile d'y voir que la communication pour les salons qui m'emploient n'y est pas négligée):

blog:
L'Essentiel de la Coiffure: http://www.lessentieldelacoiffure.com/

Pages Facebook:
Haute Coiffure Française (FANS): https://www.facebook.com/pages/Haute-Coiffure-Fran%C3%A7aise-FANS-/235609813146621
L'Essentiel de la Coiffure: https://www.facebook.com/LEssentielDeLaCoiffure
Tes cheveux poussent trop vite en racines et jamais assez aux pointes: https://www.facebook.com/pages/Tes-cheveux-poussent-trop-vite-en-racines-et-jamais-assez-aux-pointes/140004482767954

Miss/Mister hairdresser on Facebook: https://www.facebook.com/groups/140599914899/

mises à jour:


Pour résumer: 
Je travaille depuis 4 ans dans le même salon.
Je suis passionné par mon métier et souhaite partager, avec le plus grand nombre, toute la beauté que j'y trouve. Cela passe par les nombreux supports dont je m'occupe sur internet. 

Laurent Micas





mardi 14 février 2012

De la réalisation au show

production: L'Oréal professionnel



production: L'Oréal professionnel

production: L'Oréal professionnel

production: L'Oréal professionnel






mercredi 8 février 2012

Peinture, Marie-Antoinette et volume

"Peinture, Marie-Antoinette et volume" était la consigne que le photographe Andreas Licht a donnée à Jonathan Dadoun pour un shooting.

La photo a donc été conçue comme un tableau. Un modèle fixe qui pose. Un bijou tout aussi immobile qui vient l'accessoiriser. Un teint pâle rehaussé d'un maquillage qui souligne les pommettes et les lèvres sans en faire trop.
En pensant à Marie-Antoinette, Jonathan a imaginé un style bouclé, figé en favorisant un port-de-tête digne d'une reine.
Andreas voulait du volume. Jonathan s'est exécuté... Pour cela, il a commencé par gaufrer puis crêper tout autour du vertex. A la suite, il a bouclé tous les contours et les a délicatement placés autour de la première partie en détachant précieusement chaque mèche. Il a fixé le tout avec le spray Stay Styled de Wella professionals.

Andreas Licht a reçu un prix grâce à ce visuel.

Photo: Andreas Licht
Maquillage: Gerda Oomenks
Coiffure: Jonathan Dadoun 
Modèle: Emma
Stylisme: Mariel Coombes