vendredi 20 mars 2020

#BalanceTonCoiffeur

#MeToo #BalanceTonPorc
On se souvient tous de ces nombreuses histoires qui défrayaient la chronique en 2017, des situations ambiguës, des attouchements, des viols. Comme pour beaucoup d'entre nous, j'ai été horrifié par quelques témoignages. J'ai repensé aussi à mon vécu. Cela fait maintenant plus de deux ans que je veux écrire cet article. C'est finalement un autre malheur, celui du confinement imposé pour lutter contre le coronavirus, qui m'aura donné l'opportunité de le faire.


Je ne suis pas une femme, je n'ai pas été violé, mais j'ai connu une relation malsaine avec un employeur. J'avais commencé à travailler dans un salon de coiffure, depuis à peine quelques jours, que je me suis retrouvé en soirée avec l'équipe (des gens sympa et accueillants). Nous nous amusions, buvions, profitions du moment. C'est, furtivement, lorsque j'étais sur le canapé et une collègue à la vaisselle, que mon patron s'est tourné vers moi pour essayer de m'embrasser. Je n'ai pas fait de scandale et me suis contenté de détourner la tête en poursuivant la soirée. L'alcool et la non-connaissance de ce genre de situation m'ont aidé à balayer instantanément cet action. Il a voulu recommencé, a insisté. Lorsque je me détournais, il me demandait si je voulais lui faire passer une mauvaise soirée.
Dans ma tète, mille réflexions se bousculaient. Je ne savais pas comment réagir face à mon nouvel employeur. J'étais en période d'essai. Allait-il me virer? Allait-il me mener la vie dure? M'empêcherait-il de travailler correctement et d'apprendre? Devais-je me lever en hurlant au scandale? Devais-je faire comme si rien ne se passait? Tout cela tournait dans ma tête aussi vite que le rhum me le permettait. A force de me poser des questions et n'étant pas un impulsif, la réponse s'est imposée par défaut: j'ai laissé passer.
Durant les jours, les semaines, les mois suivants, mon employeur me disait parfois, lorsqu'il me croisait dans un couloir, "Je vous aurais Laurent, sans courir". En y repensant, c'est d'ailleurs assez étrange de s'adresser à quelqu'un avec la distance qu'impose le vouvoiement et de lui promettre de coucher avec et de le posséder.
Cette mésaventure est celle qui se rapproche le plus, pour moi, des douloureuses histoires que nous avons pu entendre depuis 2017. Néanmoins, la pression et l'irrespect au travail ne s'exercent pas uniquement avec des attouchements ou un viol.


J'ai aussi connu l'employeur qui me faisait travailler 6 jours sur 7. Il est estimait que ma journée hebdomadaire d'école était un jour de repos. Les journées de travail duraient de 9 à 18h30, minimum, avec une demi heure dans une pièce aveugle pour manger.  Cela a duré 2 ans.

Avant la fin de mon dernier contrat d'apprentissage, par correction et pour éviter de pénaliser une collègue qui souhaitait faire un stage, j'ai prévenu mon patron 2 mois et demi à l'avance que je ne souhaitais pas rester chez lui (alors que rien ne m'y obligeait. J'aurais pu le prévenir le dernier jour). Ça a été 2 mois et demi d'enfer. Il ne me confiait plus de clients. Plus personne ne m'adressait la parole. Histoire d'être encore plus classe, après mon départ, le mépris s'est reporté sur ma sœur qui était dans la même entreprise à cette époque.

L'entretien d'embauche le plus improbable était celui avec un gars qui avait quitté le fauteuil pour s'occuper exclusivement des papiers (sûrement dû à son absence de talent plus qu'à ses capacités de gérant). Pour lui, on ne pouvait pas être bon en coupe ET bon en coloration. Ébahis, je lui expliquais que le "coupeur" doit aussi savoir faire des brushings (l'un et l'autre n'ont rien à voir). Et que le "technicien" doit maîtriser les règles de la coloration mais doit aussi savoir faire les balayages, lissages et permanentes. Chacune de ces actions est totalement différentes de l'autre. Alors pourquoi une personne pourrait connaître obligatoirement une de ces familles mais pas la seconde? Pour toute réponse, il a seulement pu dire "nous verrons le chiffre d'affaires!". Donc pour lui, être bon sous-entend faire plein de pognon. Et pourtant, dans une de ses équipes, il y avait une femme qui faisait un chiffre de dingue. Mais il ne fallait surtout pas repasser derrière ses coupes et ses brushings, à moins d'avoir le cœur bien accroché!

Je me souviens d'une responsable qui ne comprenait rien aux chiffres. Chiffres qui lui étaient d'ailleurs très mal communiqués. La direction lui transmettait, chaque mois, les chiffres de tous les employés en euro mais aussi en pourcentage. A titre d'exemple, si un mois je fais 2000 euro de coupes et 2000 euro de couleurs, j'aurais fais 50% de l'un et 50% de l'autre. Si le mois suivant, je fais toujours 2000 euro de coupes mais que j'augmente mon chiffre d'affaires de coloration à 3000 euro, alors mes pourcentages passeront à 40 et 60. Devant de telles chiffres, ma responsable me disait que j'avais réduit en coupe puisque j'étais passé de 50 à 40%.... Sotte!

Dans beaucoup de salons de coiffure (et de moins en moins aujourd'hui), une tenue est imposée pour les équipes. J'ai souvent eu un tee-shirt ou une chemise avec le logo de l'enseigne imprimé, ou des couleurs imposées (le noir en tête). Dans un salon, j'avais la chance (comme mon collègue) d'avoir la liberté de mes tenues vestimentaires, du moment que je restais dans le noir ou le blanc (classique). Mais les femmes de l'équipe devaient porter une blouse. Les femmes, mais pas les hommes! Autant cette mesure ne me concernait pas, mais elle m'a beaucoup touché.

J'ai connu le patron qui s'installe dans un fauteuil, à 15 minutes de la fermeture, pour se faire limer les ongles et qui demande aux employés (qui commencent à savourer la fin de journée) de nettoyer les plinthes, les lustres, ou je ne sais quoi d'autre d'aussi improbable.

Ma liste des employeurs qui pensent uniquement à leur petit nombril comprend aussi celui que tu dois accompagner dans les déplacement, mais bénévolement! Parce que tu comprends... il n'y a pas de budget pour toi! En revanche, pendant ces déplacements, les horaires n'avaient plus de limites.

Lorsqu'il fallait aller en formation, je me souviens de celui qui ne voulait pas donner un euro pour le trajet ou l'hôtel et retirait des congés, les jours passés.


Ma dernière perle est pour celui qui voulait que j'appose son nom sur les photos de shooting que je faisais chez moi, sur mon temps libre, à mon initiative, avec mon entourage. Il voulait s'approprier l'ensemble de mon travail artistique, comme si je lui appartenais.



A quel moment devient-on irrespectueux des personnes qu'on choisit pour travailler avec soi?


PS: pour un minimum d’anonymat (et parce que la roue tourne sans que j'ai besoin de la pousser), je n'ai cité aucun nom et ai séparé chaque situation. Pour autant, il s'agit parfois de la même personne...



lundi 11 février 2019

Et si on chantait dans les salons de coiffure

Rudy Mancaruso est un jeune acteur et chanteur américain. Originaire du New Jersey et vivant maintenant à Rio de Janeiro, il a tourné de nombreux clips qui sont des mini comédies musicales humoristiques. Bien sûr, c'est celle sur la coiffure qui a retenu mon attention. 

dimanche 10 février 2019

Davines ne se limite pas à sa zone de confort

Après le témoignage de Valérie Bentolila (Côté Salon à Nice) sur INsight, j'ai demandé à deux autres coiffeurs de me raconter avec quels produits ils réduisent leur impact planétaire en faisant du bien aux cheveux.
Pour eux, c'est Davines qui répond à leurs attentes.

Le laboratoire italien existe depuis 1983. Il a commencé par fabriquer des produits pour différentes enseignes, avant de lancer sa propre gamme: Davines. Il est très impliqué dans l'écologie et le bien-être planétaire et humain, sans sacrifier la qualité des produits. En 2008, Davines a même été nommée comme l'une des cent meilleures entreprises italiennes où travailler. La marque avait créée une charte éthique en 2005, renouvelée en 2018 afin de "confirmer la volonté de l’entreprise de mettre en valeur les idées et les contributions de tous, en les mettant au service du bien-être collectif".


Arthur Garsault a intégré le salon Allure (Paris 8°) en octobre dernier afin de préparer son Brevet Professionnel. Quant à Nathalie Maillard, elle a créé son Atelier de Nathaly, il y a 5 ans.

Arthur Garsault
photo: Chloé Vinot

Laurent Micas: Qu'as-tu aimé en premier chez Davines?
Nathalie Maillard: Le packaging m' a attirée immédiatement.
Arthur Garsault: Le design des flacons fait enfantin. C'est mignon. Les parfums sont uniques et très particuliers. Les noms sont choux aussi: Love, Dédé, Momo, Nounou,... Ça donne un côté jeune et frais.


Nathalie Maillard

LM: Parlez-moi de vos produits préférés.
AG: L'anti-chute fonctionne très bien. On voit une réelle amélioration si on l'utilise quotidiennement. Et la fragrance est géniale! Ça me rappelle le baume du Tigre.
NM: J'affectionne tout particulièrement la gamme Oï. Pour son parfum mais surtout pour son efficacité. Cette gamme très complète comprend des produits capillaires, bien sûr, mais également certains pour le corps et les mains. 
AG: Il y a aussi un protocole de soin en plusieurs étapes, avec un temps à respecter pour chacune d'elles. Ce soin profond n'est disponible qu'en salon mais a un équivalent pour un suivi beauté chez soi. 

LM: Merci à vous deux. Je vous souhaite de belles carrières éthiques.

extrait du Rapport de Développement Durable 2017/2018 du groupe Davines

extrait du Rapport de Développement Durable 2017/2018 du groupe Davines



dimanche 27 janvier 2019

INsight a la cote en salon

L'homme vit sur Terre comme une mouche sur une ampoule. Il s'agite autour de ce globe qui le fascine sans se rendre compte qu'il court à sa perte. Bien des maux sont irréparables. Mais nous ne sommes pas obligés de suicider l'humanité, toute la vie terrienne (et tout le reste), juste pour un peu d'argent en plus. En revanche, les actions pour faire marche arrière sont urgentes, à notre époque. C'est pourquoi j'entame une série d'articles sur le changement écologique au sein de la coiffure.


Pour ouvrir le bal, j'ai demandé à Valérie Bentolila qui tient Côté Salon à Nice, de bien vouloir se prêter au jeu de l'interview. J'avoue que je ne suis pas allé chercher très loin pour ce premier entretien: Valérie est mon employeur. Je travaille pour elle depuis un peu plus d'un, avec un plaisir au quotidien.

Valérie Bentolila à Côté Salon
Laurent Micas: Valérie, tu réalises, toi aussi, combien la nature est impactée par les innombrables nuisances humaines. Je sais que tu as déjà changé quelques unes de tes habitudes.

Valérie Bentolila: Oui, comme tu le soulignes, la Terre est très salie, la nature est abîmée et détruite par la pollution, l'industrie et beaucoup de choses.Cela fait 2 ans que j'ai commencé à utiliser des colorations végétales. C'est un service long à faire; le résultat est parfois instable; mais c'est tellement plaisant de ne pas utiliser de pétrochimie, de ne plus respirer toutes ces émanations de produits.

LM: Les clientes adhèrent-elles facilement à l'idée de faire du végétale?

VB: Lorsqu'on leur en parle, la première fois, elles adorent. Beaucoup sont tentées. Mais le végétale a ses limites. Et nous ne pouvons pas obtenir tous les résultats. Certaines clientes préfèrent alors rester aux colorations chimiques pour avoir le résultat qu'elles souhaitent. Celles qui veulent éclaircir leurs cheveux ou celles qui détestent les reflets chauds restent aussi fidèles à la chimie. Mais, l'idée du végétale avance doucement dans le salon. J'ai bon espoir.

LM: Y a-t-il d'autres points sur lesquels tu réduis ton impact planétaire?

VB: Des petites choses faciles à faire: Je n'utilise plus systématiquement la voiture. Je viens parfois travailler à pieds. Lorsque je ne suis pas chargée et si le climat le permet. Ça me fait déjà une belle économie d'essence! Nous avons aussi instauré le tri des déchets (en espérant qu'ils ne finissent pas entassés en Chine). Depuis presque un an, nous travaillons avec la marque INsight qui est aussi dans cet optique.

INsight à Côté Salon



LM: Parle moi un peu de ces produits. Que propose INsight?

VB: Cette marque est très complète. Avec des shampooings et des soins, mais aussi des produits techniques: couleurs, poudre éclaircissante et autres. La gamme d'entretien est variée avec des shampooings, des conditionneurs, des masques et des traitements qui répondent à beaucoup de demandes de mes clientes. Et des miennes, aussi. 

LM: Qu'ont-ils d'"écolo"?

VB: Les shampooings sont composés à 97 ou 98% de produits naturels. Et souvent bio. Les formules ne contiennent pas de colorants, pas de parfums chimiques, pas de paraben, pas de conservateurs. J'en oublie, mais on peut considérer que les perturbateurs endocriniens et les produits cancérigènes sont bannis. Les flacons sont en plastiques recyclables, comme tous. Mais surtout, ils sont en plastique recyclé! Ce qui est assez rare. Tout est fabriqué en Italie, donc à proximité de Nice. Les formules ne sont pas testées sur les animaux et ne contiennent aucun dérivé animalier.


LM:
 Quel est le regard de tes clientes sur ces produits?

VB: Elles aiment beaucoup. Comme le tarif est raisonnable, elles ont facilement fait un premier achat pour essayer. Maintenant, elles en redemandent. Elles adorent la légèreté. Leurs cheveux ne sont pas alourdis. Elles sont enchantées par la facilité d'utilisation avec les flacons à pompe. Et mes clientes sont, elles aussi, de plus en plus, conscientes de l'importance de faire attention à notre environnement en maîtrisant et en ciblant mieux notre consommation. 

LM: As-tu des chouchous, chez INsight?

VB: Oh oui! Je suis fan de la gamme AntiOxydant. Elle lutte contre les agressions extérieurs en débarrassant les cheveux de tous les polluants qui s'y agglutinent. Et le doux parfum à la carotte est un régal. 

Valérie Bentolila à Côté Salon
LM: Merci Valérie. On peut donc te retrouver en direct à Nice, à Côté Salon (22 rue Gioffredo) et en virtuel sur Instagram et Google.










mercredi 17 octobre 2018

A 6 year old child cuts hair

Il y a parfois quelques prodiges sur Terre. Et cet enfant de 6 ans a déjà une grande dextérité pour couper et coiffer les cheveux.


lundi 20 août 2018

A venir

Dans quelques jours, le plus gros congrès français de coiffure (MCB - Beauté Sélection) se tiendra à Paris, Porte de Versailles. Une fois de plus, ce sera l'occasion de venir découvrir de nouveaux produits ou outils de travail, ainsi que les tendances de l'année.

Tu pourras assister à des shows de qualité sur la grande scène avec Damien Roux, la Maison Gérard Laurent, Ludovic Geheniaux, Raphael Perrier, Sandrine Ruiz, Beata Bourillon ou Garance Delacour. Les championnats du monde seront également un moment important de ce weekend de début septembre.

Mais l'événement que j'attends avec impatience est le concours organisé avec EsteticaThe Emergent Talent, auquel j'ai la chance de participer. des personnalités de la coiffure (les coiffeurs Béata Bourillon, Céline Antunes, Gérard Kuchno et Laurent Delafoy ainsi que la rédactrice en chef du magazine: Marie Coccoluto) encadreront et jugeront les prestations des 8 participants Adrien Coelho, Agnes Soronellas, Elody Comtesse, Geoffrey Tentiller, Gianluca Caruso, Klaudia Gorczewska, Tanina Dell'Utri et moi, Laurent Micas!!
Pendant 30 minutes, nous serons livrés à nous-mêmes, en espérant tous faire mieux que les autres. Aucune règle n'est donné sinon celle de faire quelque chose de beau... :)


Le MCB sera aussi l'occasion de découvrir ou mieux connaitre les marques bio et/ou naturelles qui sont de plus en plus nombreuses. Tu pourras te rendre au stand de Arganicare, Biocoiff, Biohair, Couleurs Gaïa, Holi, Insight, Les Secrets de Loly, Louise XIV, Marcapar, Nacreo, Radico, Végétal'Emoi ou Végétalement Provence. Chacune à sa façon, mais toutes ces enseignes travaille sur l'idée d'embellir la chevelure en réduisant notre impact sur la planète. 

L'avenir est entre tes mains. Comme tes cheveux, soigne le avec des produits naturels.


lundi 25 juin 2018

Miroir mon beau miroir...

Brigitte Dubus est journaliste pour un magazine de presse professionnelle: Biblond (spécialisé en coiffure, bien évidemment). Au fil des années, elle a rencontré et interviewé des coiffeurs, visité des salons, assisté à des shows. Elle est baigné dans le monde de la coiffure. Aussi, il y a un an, elle a entrepris de s'immiscer encore plus dans ce milieu en prenant des cours afin de passer son CAP Coiffure.
Après plusieurs mois de labeur entre son boulot de journaliste, sa vie privée et les cours de coiffure, elle a passé son examen et nous dévoile une première impression de cette année, dans un bref article.

C'est amusant d'y lire combien les immenses miroirs l'ont troublée. De mon côté, ils font partie intégrante de mon quotidien, en salon de coiffure. Au point que, à l'inverse de Brigitte, je suis parfois surpris si je vais chez des amis qui n'ont aucun miroir chez eux (à part un minuscule de 10x10 cm dans la salle de bain). Dans ses lignes, Brigitte comprend que les coiffeurs ressentent le besoin de faire attention à leur image. Elle s'interroge aussi sur ce qu'induit le reflet dans la glace: Qui regarde-t-on dans le miroir? A qui parle-t-on? Pourrait-on travailler sans miroir?
De la même manière, je me suis aussi questionné régulièrement sur cet objet de mon quotidien. Jusque-là, je n'ai jamais eu l'occasion de décider de l'aménagement d'un salon de coiffure, mais je sais que lorsque ça viendra, je ne choisirai pas d'utiliser de grandes glaces, ni de les coller sur les murs. J'aime l'idée que mes clientes ne soient pas obligées de se voir ou d'avoir une image inversée de ce qu'elles ont derrière elles. Je préfère qu'elles puissent avoir une vue dégagée vers l'avant.




  Brigitte:
  "On m'avait dit: "Tu vas voir, passer son CAP, c'est facile, c'est cool, tu vas y arriver tranquille..."
Ah oui? Ben non, en fait!
    Pas si facile que ça de passer son CAP coiffure et se recoller à l'apprentissage... Même si, dans l'absolu, c'est largement faisable, mais j'ai quand même un boulot super-prenant, une vie de famille bien remplie, des potes adorables et bien présents et toujours une tonne de projets en cours... Je m'éclate avec ma tête malléable, mais pas si facile de s'y coller régulièrement même su il n'y a que ça qui paie pourtant...
    Le plus dur, au début de ma vie d'apprentie, c'est de passer la journée devant un miroir... Le summum du traumatisme, en réalité! J'ai cru mourir..."


*Article complet à lire sur les pages Facebook et Linkedin de Brigitte. 

jeudi 22 mars 2018

L'information qui désinforme


"Les coiffeurs ont "un travail peu intense" selon les élites de notre gouvernement".
Cette phrase met en colère tous les coiffeurs de France qui invitent alors Emmanuel Macron et ses ministres à venir passer une journée dans tel ou tel salon de coiffure afin de voir si le boulot n'est pas intense. Sur les réseaux sociaux, chacun explique ses dernières pénibilités avec des heures de travail à rallonge, une pause déjeuner toujours plus courte, un revenu aussi maigre que le repas, ainsi que toutes les difficultés de compréhension entre employés et employeurs et avec les clients. 

L'article du blog de MeilleurCoiffeur (où on peut lire cette phrase) a été partagé presque 600 fois en 6 heures via la page VDM de coiffeuses, gérée par le site en question. 600 fois, des coiffeurs ont été agacé par le gouvernement Macron et le ministre du travail, Muriel Pénicaud, pour cet outrage à la profession. Je les comprends. Moi-même, je connais les problème de ce métier. Avec la fatigue, le stress, le mal de dos, et bien d'autres.... Mais comme je ne suis pas que coiffeur (je suis aussi un geek), j'ai appuyé sur les touches du clavier afin de voir jusqu'où cette phrase incendiaire me mène. 


En bon journaliste, Thibaut Le Pellec, a pris soin de rajouter un post-scriptum à son article sur MeilleurCoiffeur: "si vous souhaitez lire l'étude dans son intégralité: http://dares.travail-emploi.gouv.fr/dares-etudes-et-statistiques/etudes-et-syntheses/document-d-etudes/article/travail-et-bien-etre-psychologique ".
A ce lien, la seule phrase que j'ai trouvée évoquant la coiffure est "Toutefois, des professions relativement peu qualifiées et à grande majorité féminine, telles les assistantes maternelles, les coiffeurs ou les employés de maison, figurent également parmi les métiers pour lesquels le travail contribue le plus au bien-être". Aucune trace ici du "travail peu intense" évoqué et ultra-partagé. Rien d'étonnant, cette page n'est pas l'étude (comme annoncé par Thibaut) mais une utilisation de celle-ci pour nous expliquer que "conformément à la théorie et à la littérature empirique existante sur le sujet, l'autonomie au travail des répondant à l’enquête CT-RPS 2016 apparaît significativement plus faible dans les communes où ont prédominé, en 2017, l'abstention ou le vote d'extrême droite, ainsi que, dans une moindre mesure, le vote "gauche contestataire"". Autrement dit: ceux qui ont voté, aux dernières élections présidentielles, pour Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen ou ceux qui n'ont pas voulu voter se sentent probablement moins autonome dans leur profession que ceux qui ont un vote plus modéré, voire centriste. Cela est fort intéressant mais ne me donne toujours aucune réponse quant à cette phrase qui scandalise les coiffeurs français.  

Je continue alors à cliquer sur mon clavier pour arriver sur un nouveau lien du Ministère du Travail grâce auquel j'ai pu apprendre que cette fameuse enquête, "Travail et bien-être psychologique", est la concrétisation d'un grand travail commandé en 2009-2010 par le ministre du travail de François Fillon (probablement Xavier Darcos). Et ce sont Philippe Nasse (docteur en économie mathématique et en économétrie, inspecteur général à l'Insee, membre du Conseil de la concurrence...) et Patrick Légeron (psychiatre, directeur d'un cabinet de conseil et auteur) qui ont initié cette grande étude par leur rapport Légeron-Nasse


J'ai dû fouiller un peu plus pour arriver enfin sur le fameux document d'études! En premier, j'ai pu remettre la phrase tant recherchée dans son vrai contexte (dont elle était totalement dépourvue, sinon ça ne ferait pas de buzz): "Parmi les métiers pour lesquels le travail contribue le plus positivement au bien-être psychologique, on peut citer des professions très qualifiées comme ingénieurs de l'informatique, les cadres des transports, les cadres administratifs et financiers, les personnels d'études et de recherche, mais aussi d'autres, à majorité féminine, comme les secrétaires, les assistantes maternelles, les employés de maison, les coiffeurs. Ces derniers signalent un travail peu intense dans un contexte de faible insécurité de l'emploi, avec peu de conflits éthiques et une grande autonomie, même s'ils sont exposés à une forte demande émotionnelle...". Voila une lumière sur une part de l'interprétation: ce sont les coiffeurs qui parlent eux-mêmes de travail peu intense, et non l'élite de notre gouvernement (ni d'un plus ancien). Surtout quand on sait que ce rapport n'a pas été écrit par nos élus mais par une commission d'économistes, d'ergonomes, d'épidémiologistes, de chercheurs en gestion, de chercheurs en médecine du travail, de psychologues, de psychiatres, de sociologues, de staticiens, coordonnés par Michel Gollac (directeur du laboratoire de sociologie quantitative du Centre de recherche en économie et statistique (LSQ-Crest)). 
Vu que cette recherche sur 9 ans fait le bilan des conditions de vie dans tous les métiers, on peut facilement comprendre que dans un salon de coiffure, on ne subit pas les colères climatiques (du plus froid au plus chaud en passant par le plus humide). On n'a pas à se questionner si notre diagnostic va sauver une vie ou faire mourir un patient. On n'est pas sous les feux acérés des élèves et de leurs parents. On ne fait pas un boulot d'usine à la chaîne sans rapport humain. On ne se lève pas à 3 heures du matin pour aller ramasser les déchets de la ville... Dans ce document de 53 pages intitulé Travail et bien-être psychologique, on peut aussi lire:
-... les coiffeurs [...] figurent également parmi les métiers pour lesquels le travail contribue le plus au bien-être.
- les "invisibles" ont le sentiment d'un travail bien fait et utile, mais manquent de reconnaissance et n'ont que rarement la possibilité de développer leurs compétences. [...] Les métiers les plus concernés sont les assistantes maternelles, les coiffeurs, les employés de maison, les aides à domicile, les ouvriers de l'artisanat.... Du côté des conditions de travail, ils connaissent plus souvent la pénibilité physique et manquent de soutien des chefs et des collègues
- les "confortables" sont épargnés par la plupart des risques professionnels, sauf les difficultés dans le collectif du travail et la demande émotionnelle où ils se situent dans la moyenne. [...] cela concerne aussi les assistantes maternelles, les coiffeurs, les secrétaires... Ils sont plutôt satisfait de leur vie privée, à nouveau sans qu'on puisse dire su c'est cela qui leur fait voir leur travail positivement ou si leurs bonnes conditions de travail ont un impact sur leur vie hors travail. 


Après avoir lu tous ces passages, on peut mieux comprendre comment placer la coiffure parmi les autres métiers en terme de pénibilité, difficulté, facilité, reconnaissance. Et moi, après 25 ans à faire ce boulot, je suis d'accord sur le fait que, malgré des journées très longues, des personnes parfois difficiles à accueillir, des patrons, responsables ou collègues qui peuvent avoir une sens très relatif du respect, la coiffure n'est pas un métier intense. On y trouve facilement un emploi. On rentre le soir chez soi, souvent épuisé, mais aussi ravi de notre travail. Et il y a bien plus dur à faire!!

lundi 29 janvier 2018

Mets de la couleur à ton hiver

De plus en plus, l'innovation crée la tendance. Ça a été le cas avec les fers à lisser en céramique et les lissages brésiliens à la kératine qui ont donné une vague de raide aux années 2000. Dans les années 2010, c'est avec l'arrivée d'Olaplex puis de Wellaplex, Smart Blond ou BB Hair Plex, que les décolorations platine se sont mises à se multiplier. Il y a encore 5 ou 10 ans, les couleurs pastel ou très voyantes (bleu, rose, vert...) ne se faisaient que sur nos bons vieux "tie and dye". Aujourd'hui, ces nuances de l'arc-en-ciel se font sur toute la chevelure. Et se mélangent souvent.

Il y a ceux qui y vont de façon douce et relativement naturelle, comme Maxime Dubois, Kévin Menyhart et Lucas Mazoyer qui jouent avec les nuances du gris. Vincent Danède a opté pour un beige satiné.  
Alice Kieffer et Ludovic Geheniaux ont exploité une technique très lumineuse avec des racines fortes en reflets et les longueurs presque blanches. Tous les deux ont aussi fait des looks très tranchés avec un vert vif ou un jaune digne de Lady Gaga que Alice a porté elle-même. 
Chez Manic Panic à Nice, j'ai adoré (pour avoir été présent ce jour-là) que Camille ait revisité les facéties capillaires d'Orlan avec des teintes de vert et violet. 
Pour des shows plus importants, les équipes de Manic Panic France et de Ivan Arniaud ont multiplié les effets de couleur en laissant libre cours à la créativité. 

coiffure et maquillage: Maxime Dubois Kevin Menyhart
photo: Chrisian Clic4you
modele: Lenie Stephan
coiffure: Lucas Mazoyer pour Martine D


coiffure: Vincent Danède pour Vania Laporte et Shu Uemura
photo: Guillaume Girardot
modèle: Getriin

coiffure: Alice Kieffer

coiffure: Ludovic Geheniaux
photo: Cat & Frog
stylisme: Laura de Villebonne
maquillage: Stéphane Dussart
modèle: Lucie
chat: Slash
produits: Eugène Perma

coiffure: Camille pour Nathalie Calderini
produits: Manic Panic
modèle: Yuki Tanaka
photo: Alessandro Biancherini

Alice Kieffer

coiffure: équipe Manic Panic France avec Nathalie Calderini
photo: Alessandro Biancherini

Ivan Arniaud et son équipe (Cyril Beynet, Séverine Battisti, Tom Thibaudier, Eddy Supaliferecords, Chloé Sorais, Perle Boutin Chloé Paccard)
maquillage: Aline Le, Elow Grover Widakhan
modèles: Caelina Sénéchal, Sheila Shanel, Sand Cactaceae, Raquel Encanto, Margot Witovskaa, Josepha Yg, Léa Quellec, Elow Grover Widakhan...

jeudi 21 décembre 2017

Avis de tempête sur le recrutement!

En octobre, le magazine professionnel L'Eclaireur affichait sur Facebook que le nombre de coiffeurs français diminue (autant dans les salons de coiffures que dans les écoles). Les journalistes interpellaient les professionnels sur les conséquences de cette raréfaction du personnel. On a alors pu lire l'avis de ceux qui pensent que la coiffure est toujours un métier dévalorisé, que les salaires et les tarifs des prestations sont toujours trop bas, que la profession court à sa perte.... Pour ma part, j'essaie souvent de voir le côté positif. Alors j'ai commenté en expliquant que s'il y a moins de nouveaux coiffeurs, on aura peut-être plus de temps et "d'anciens" pour les former. Nous pouvons donc espérer avoir une génération de coiffeurs meilleurs que les précédents (et débordés!).

Je prenais ma pause sur la plage lorsque Catherine Sajno (journaliste pour ledit magazine) m'a contacté afin parler plus en détail de ce sujet. Je me souviens qu'elle m'a dit que je ne me ferais pas des amis si elle écrivait ce par quoi j'ai commencé. En effet, j'avais débuté notre entretien en lui disant qu'il y a beaucoup trop de mauvais coiffeurs, que trop peu de personnes prennent le temps de se former, d'apprendre ou de transmettre. Et à tous les niveaux. J'ai pu constaté ce désintérêt de la formation chez des coiffeurs qui veulent vite rentrer chez eux le soir, comme chez ceux qui sont ambassadeurs pour de grandes marques, qui font des shows coiffures devant 2000 personnes, mais ne veulent pas se former ni envoyer leurs employés en stage. Je disais aussi à Catherine combien l'application des programmes scolaires et les examens sont souvent dépassés. MAIS QUI FAIT LES BAREMES?? QUI LES "MET A JOUR"??  Les programmes des examens de coiffure sont une honte! Éternellement avec 20 ans de retard. 



Je suis heureux de lire, dans l'article de L'Eclaireur, l'avis de Lauryane Karadjinov qui déplore aussi la vétusté de l'apprentissage. Pour mieux comprendre, il faut savoir que dans une école de coiffure, on apprend à faire des permanentes "classiques" en 9 zones. Chose inutile: on ne fait jamais de permanente directe depuis bien avant que nous aillons changé de millénaire et la "9 zones" crée des raies inopportunes détestables. S'il doit y avoir de la frisouille en salon, ce sera par des enroulages en hérisson, quinconce, spirale, ou avec du matériel en mousse.... (techniques absentes des programmes scolaires). A l'école, on apprend aussi à faire des boucles sur champs et des mises en plis (seule Elisabeth 2 en a encore besoin, mais je ne pense pas qu'elle confie sa tête à un apprenti). 
Tout le temps passé à expliquer ces vieilles méthodes puis à s'y entraîner ne serait-il pas mieux optimisé si on le prenait pour les choses qui créent du chiffre d'affaire et donc de l'emploi: les techniques de coloration, de balayage, d'effilage, de brushing? Lauryane Karadjinov parle aussi de prendre du temps pour le développement personnel, le comportement en équipe et face aux clients. 

Dans son article, Catherine Sajno relate une vieille rengaine: une idée de campagne de publicité pour revaloriser la profession. Mais est-ce vraiment de publicité dont on a besoin? A titre d'exemple: Imagine qu'un grand magasin ouvre dans ta ville. A l'intérieur, il n'y a que des articles vétustes, ringards, mal coupés, avec des matières désagréables. Le magasin pourra faire toute la com' qu'il veut, je ne pense pas que son chiffre d'affaire décolle. Une autre boutique ouvrirait avec des produits au design recherché, des matériaux pointus, des looks en plein dans la mode, voire avant-gardistes... Celui-ci n'aurait même pas besoin de distribuer des flyers pour se faire connaitre. Le bouche-à-oreilles suffirait à faire venir la foule. 
De la même manière, je ne suis pas certain qu'une publicité de l'apprentissage de la coiffure soit utile si les programmes actuels ne sont pas jetés au feu et intégralement refaits. 

PS: maintenant, certains pourront me détester s'ils le veulent. Mais je garde l'habitude de régulièrement pousser ma gueulante sur ce blog. Parce que j'aime mon métier. J'aime le partager. Et je lui souhaite une très longue vie éternité!