jeudi 21 décembre 2017

Avis de tempête sur le recrutement!

En octobre, le magazine professionnel L'Eclaireur affichait sur Facebook que le nombre de coiffeurs français diminue (autant dans les salons de coiffures que dans les écoles). Les journalistes interpellaient les professionnels sur les conséquences de cette raréfaction du personnel. On a alors pu lire l'avis de ceux qui pensent que la coiffure est toujours un métier dévalorisé, que les salaires et les tarifs des prestations sont toujours trop bas, que la profession court à sa perte.... Pour ma part, j'essaie souvent de voir le côté positif. Alors j'ai commenté en expliquant que s'il y a moins de nouveaux coiffeurs, on aura peut-être plus de temps et "d'anciens" pour les former. Nous pouvons donc espérer avoir une génération de coiffeurs meilleurs que les précédents (et débordés!).

Je prenais ma pause sur la plage lorsque Catherine Sajno (journaliste pour ledit magazine) m'a contacté afin parler plus en détail de ce sujet. Je me souviens qu'elle m'a dit que je ne me ferais pas des amis si elle écrivait ce par quoi j'ai commencé. En effet, j'avais débuté notre entretien en lui disant qu'il y a beaucoup trop de mauvais coiffeurs, que trop peu de personnes prennent le temps de se former, d'apprendre ou de transmettre. Et à tous les niveaux. J'ai pu constaté ce désintérêt de la formation chez des coiffeurs qui veulent vite rentrer chez eux le soir, comme chez ceux qui sont ambassadeurs pour de grandes marques, qui font des shows coiffures devant 2000 personnes, mais ne veulent pas se former ni envoyer leurs employés en stage. Je disais aussi à Catherine combien l'application des programmes scolaires et les examens sont souvent dépassés. MAIS QUI FAIT LES BAREMES?? QUI LES "MET A JOUR"??  Les programmes des examens de coiffure sont une honte! Éternellement avec 20 ans de retard. 



Je suis heureux de lire, dans l'article de L'Eclaireur, l'avis de Lauryane Karadjinov qui déplore aussi la vétusté de l'apprentissage. Pour mieux comprendre, il faut savoir que dans une école de coiffure, on apprend à faire des permanentes "classiques" en 9 zones. Chose inutile: on ne fait jamais de permanente directe depuis bien avant que nous aillons changé de millénaire et la "9 zones" crée des raies inopportunes détestables. S'il doit y avoir de la frisouille en salon, ce sera par des enroulages en hérisson, quinconce, spirale, ou avec du matériel en mousse.... (techniques absentes des programmes scolaires). A l'école, on apprend aussi à faire des boucles sur champs et des mises en plis (seule Elisabeth 2 en a encore besoin, mais je ne pense pas qu'elle confie sa tête à un apprenti). 
Tout le temps passé à expliquer ces vieilles méthodes puis à s'y entraîner ne serait-il pas mieux optimisé si on le prenait pour les choses qui créent du chiffre d'affaire et donc de l'emploi: les techniques de coloration, de balayage, d'effilage, de brushing? Lauryane Karadjinov parle aussi de prendre du temps pour le développement personnel, le comportement en équipe et face aux clients. 

Dans son article, Catherine Sajno relate une vieille rengaine: une idée de campagne de publicité pour revaloriser la profession. Mais est-ce vraiment de publicité dont on a besoin? A titre d'exemple: Imagine qu'un grand magasin ouvre dans ta ville. A l'intérieur, il n'y a que des articles vétustes, ringards, mal coupés, avec des matières désagréables. Le magasin pourra faire toute la com' qu'il veut, je ne pense pas que son chiffre d'affaire décolle. Une autre boutique ouvrirait avec des produits au design recherché, des matériaux pointus, des looks en plein dans la mode, voire avant-gardistes... Celui-ci n'aurait même pas besoin de distribuer des flyers pour se faire connaitre. Le bouche-à-oreilles suffirait à faire venir la foule. 
De la même manière, je ne suis pas certain qu'une publicité de l'apprentissage de la coiffure soit utile si les programmes actuels ne sont pas jetés au feu et intégralement refaits. 

PS: maintenant, certains pourront me détester s'ils le veulent. Mais je garde l'habitude de régulièrement pousser ma gueulante sur ce blog. Parce que j'aime mon métier. J'aime le partager. Et je lui souhaite une très longue vie éternité!